dimanche 12 octobre 2014

La France est une gigantesque « usine naturelle » à produire des arbres mais la valeur ajoutée est générée en chine, en autre.

Paris, 12 octobre 2014 - La France est une gigantesque usine à produire des arbres. La preuve est une nouvelle fois faite avec l’exode des chênes et des hêtres vers la Chine (des grumes, c’est-à-dire des troncs d’arbre, pour être plus précis) largement relayé ces derniers jours par les médias (notamment le JT de 20h sur France 2, voir ci-dessous). Le sujet pourrait être étendu également aux résineux assujettis au même phénomène, dans une moindre mesure.




Les importations chinoises de grumes de chêne en provenance de France ont ainsi augmenté de plus de 137% en 2010 et de 108% en 2011. La Chine est devenu le  deuxième marché d’exportation des grumes de feuillus de France, derrière la Belgique. Inéluctablement, ce flux de grumes à destination de la Chine provoque des tensions sur les marchés, et donc des hausses de prix de la matière première bois dans les scieries européennes et particulièrement françaises.

Par voie de conséquence, ces scieries ont de plus en plus de mal à  s’approvisionner. La FNB (Fédération Nationale du Bois) décompte « un million de mètres cubes de grumes financées pour partie par le Fonds Forestier National expédiées en Chine, dans des conditions sanitaires déplorables, pour une perte de valeur ajoutée pour l’industrie francaise estimée à 800 millions d’euros, rien que pour l’année 2013, sans compter les conséquences sociales de cette spéculation »

Justement, ces industries de seconde transformation subissent la concurrence accrue de produits bois transformés chinois très compétitifs qui bien souvent reviennent en Europe : le bois brut exporté vers la Chine (grumes) est vendu sur le marché européen en produits finis ou semi-finis, chargé d’une valeur ajoutée produite en Chine (il faut 4 à 10 fois plus d’emplois pour la seconde transformation de bois par rapport à la première).

Lors d’une manifestation qui c’est déroulée à Paris le 7 octobre dernier, les professionnels du bois ont demandé à être reçus par le 1er Ministre, dans les plus brefs délais. Ils demandent également au gouvernement la mise en place de mesures de sauvegardes concrètes et immédiates qui soient à la hauteur de l’enjeu et qui assurent rapidement la sécurisation de leurs approvisionnements. Ils préconisent pour cela l’instauration de mesures sanitaires et d’une politique de quotas en France, puis en Europe, par pays et essence de bois, permettant de réguler le marché. « De nombreux pays, comme les Etats-Unis, pratiquent une politique de quotas pour la sauvegarde de leur industrie nationale. Pourquoi pas la France ? »

Contrairement à la Chine, l’Europe n’a instauré aucune politique tarifaire pour soutenir ses industriels et sa filière de transformation. La Chine, quant à elle, s’appuie sur une politique tarifaire qui favorise son industrie de transformation créant ainsi le déséquilibre. Celui-ci ne menace pas que les exportateurs mais aussi la survie du reste de la filière bois, la première et la seconde transformation.